Histoire du Kasaï

Histoire du Kasaï
<p class="MsoNormal"><b>Histoire du Kasaï central : Cœur du Congo et ferment de l’unité nationale<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal"><i>Les pionniers de la colonisation au Kasaï, Paul Lemarinel et le capitaine de Macar, devant la prison de Luluabourg en 1886</i><span lang="EN-US" style="font-family:"MS Gothic"; mso-bidi-font-family:"MS Gothic"">|</span>Photo : Droits tiers<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Le Kasaï central actuel est l’une des entités administratives héritières de la grande province du Kasaï, elle-même étant issue d’autres découpages et réorganisations administratives du Congo. En 1885, l'E.I.C. comprenait plusieurs stations ou postes d'Etat, créés et dirigés par des résidents européens. A cette époque, il existe au Kasaï le premier poste européen, dénommée ‘‘Pogge Station’’, créée en 1881par les explorateurs allemands, Docteur Pogge Paul et lieutenant Herman Wissmann de la Deutsche Africansche (Gesell chaft) « DAG » de Berlin, après un accord avec le chef Kalamba. Le poste était situé à quelques mètres de Kempe, le village du chef Kalamba. Treize ans plus tard, soit en 1894, le Dr Pogge créa un nouveau poste à 10 Km de la rivière Lulua, que les porteurs venus d’Angola qui avaient accompagné les deux explorateurs allemands dénommèrent du nom de Malange, leur milieu d’origine en Angola, mais que les autochtones déformèrent légèrement en Malandi. Un deuxième poste a été créé à Lusambo en 1890 par Paul Le Marinel et Cyriaque Gillain pour l'administration du Katanga.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">La première organisation proprement dite remonte en 1888, par le décret du 1/08/1888 qui créa et délimita le pays en 11 districts, mais ceux-ci seront organisés par le décret du 05/08/1888. Le Kasaï fait alors partie de ces 11 districts qui sont respectivement : Banana, Boma, Cataractes, Stanleypool (actuel Kinshasa), Stanleyfalls (actuel Kisangani), Kasaï, Ubangi, Uélé (actuel province orientale), Lualaba (actuel Katanga) et Kwango. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal"><b>Vingt-deux districts<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal">Le décret du 07 juillet 1895 apporte une modification en divisant l'E.I.C. en 15 districts à savoir : Boma, Banana, Matadi, Cataractes, Stanleypool, Stanleyfalls, Kwango, Equateur, Lac Léopold II, Ubangi, Gangula, Uélé, Aruwimi, Kasaï et Lualaba. En 1914, une réforme est initiée et opérée par l’arrêté royal du 28 juillet 1914 qui divisa le pays en 22 districts dont le gouvernement siégeait à Boma et deux vice-gouvernement siégeant l'un à Elisabethville (Lubumbashi actuelle) et l'autre à Stanleyville (Kisangani actuelle). <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Les districts sont les suivants, avec leurs capitales respectives entre parenthèses : Aruwimi (Cap. Basoko), Bangala (Cap : Lisala), Bas-Congo (Cap Boma), Bas-Uélé (Cap : Buta), Equateur (Cap : Coquilhatville), Haut - Uélé (Cap : Bambili), Haut - Luapula (Cap : Kambove), Ituri (Sans capitale), Kasaï (Cap : Luebo), Kivu (Cap : Rutshuru), Kwango (Cap : Bandundu), Lac Léopold II (Cap : Inongo), Lomami (Cap : Kabinda), Lowa (sans capitale), Lulonga (Cap : Basankusu), Lulua (Cap : Kafakumba), Maniema (sans cap) Moyen-Congo (Cap : Léopoldville), Sankuru (Cap : Lusambo), Stanleyville (Cap : Stanleyville), Tanganika - Moëro (Cap : Kongolo) et Ubangi (cap : Libenge). <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Il faut noter le fait que le district de Lulua dont question se trouvait dans l’actuelle province du Lualaba, berceau de la rivière éponyme, et que Luebo fut le premier centre administratif du Kasaï. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">C’est finalement en 1924 que sont créées les provinces comme premières entités administratives du Congo Belge en lieu et place des districts. Quatre méga provinces sont alors constituées : le Congo-Kasaï (englobe les actuelles provinces du Bas-Congo, de Bandundu, une grande partie des deux Kasaï et la ville de Kinshasa), l’Equateur (englobe l’actuelle province de l’Equateur et la région du lac Maï-Ndombe), la Province Orientale (englobe les actuelles provinces Orientale, le Maniema, le Nord et le Sud-Kivu) et le Katanga (qui englobe l’ex-Grand Katanga avec quelques territoires de l’actuel Kasaï oriental) . Les 22 districts existant depuis 1914 sont à leur tour divisés en territoires, eux-mêmes subdivisés en secteurs qui à leur tour englobent plusieurs chefferies. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal"><b>Critère ethnique <o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal">En 1933, aux termes des dispositions de l'article 1er de l'Arrêté royal du 29 juin 1933 relatif à la constitution des chefs-lieux et limites de provinces, le Congo-belge est divisé en 6 provinces qui sont désignées par le nom de leurs chefs-lieux respectifs : Léopoldville, Coquilhatville, Stanleyville, Elisabethville, Lusambo et Constermansville. Lusambo est donc la première capitale provinciale du Kasaï. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">A partir de 1947, les provinces seront renommées : Coquilhatville devient Kivu ; Stanleyville devient province Orientale ; Elisabethville devient Katanga ; Lusambo devient Kasaï ; et Constermansville devient Kivu. Léopoldville garde son nom. Le Kasaï, avec comme capitale Lusambo, comprend trois districts : Kasaï (qui comprenait à l’époque les actuels Kasaï, Kasaï central et Kasaï oriental), Sankuru et Lomami. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">En 1962, deux lois vont être promulguées, celles du 09 mars et du 27 avril, pour modifier l'article 7 de la loi fondamentale concernant les provinces et fixant les critères de leur création pour faire passer ainsi le nombre des provinces de 6 à 22. Le redécoupage se fait sur un critère ethnique essentiellement, et le Kasaï se retrouve découpé en cinq provinces : Unité kasaïenne, capitale Tshikapa, qui englobe totalement les territoires de Mweka, de Luiza et d’Ilebo, et en partie ceux de Tshikapa, de Kazumba et de Dibaya, et regroupe les ethnies non-Luba de l’Ouest (Tshokwe, Pende, Lele, Kuba, Kete, Salampasu, Bindi) ; Luluabourg, capitale Luluabourg, qui englobe en totalité la ville de Luluabourg (actuelle Kananga) et les territoires de Luebo, et en partie les territoires de Dibaya, de Kazumba et de Tshikapa, et regroupe uniquement les Baluba-Kasaï de l’Ouest communément appelés Bena Lulua ; le Sud-Kasaï, capitale Bakwanga (actuelle Mbuji-Mayi), qui regroupe tous les Baluba-Kasaï de l’Est (Baluba-Lubilanji) ; Kabinda, capitale Kabinda, qui regroupe les Basongye ainsi que les Baluba-Kasaï de Dimbelenge, communément appelés Bakua Luntu ; et Sankuru, capitale Lodja, qui regroupait en son sein tous les Batetela. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal"><b>Ferment de l’unité<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal">Après le coup d’Etat du 24 novembre 1965, le nouveau maître du pays, le général Joseph Mobutu, décida de resserrer l’administration du pays en réduisant le nombre de provinces de 21 à 12 et finalement à 8, plus la ville de Kinshasa. L'ancienne Province du Kasaï fut scindée en deux et donna naissance à la province du Kasaï occidental (Luluabourg + Unité kasaïenne), et à celle du Kasaï oriental (Sud Kasaï + Kabinda + Sankuru). <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Pendant la troisième République, au terme de la constitution du 18 février 2006, la R.D.C. est redécoupée en 25 autres provinces, plus la capitale Kinshasa, toutes dotées de la personnalité juridique. Cette réforme est appliquée à partir de 2015, et les anciens cinq districts sont devenus de nouvelles provinces : Kasaï (Tshikapa) ; Lulua, renommé Kasaï central (Kananga) ; Tshilenge, renommé Kasaï oriental ; Lomami (Kabinda) ; et Sankuru (Lusambo). C’est ainsi que le Kasaï central est né, cœur du Congo et ferment de l’unité du pays. <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Depuis lors, le Kasaï central a connu cinq gouverneurs à sa tête, qui sont dans l’ordre : Alex Kande Mupompa (26 mars 2016 – 4 octobre 2017), Denis Kambayi Cimbumbu (21 décembre 2017 – 13 avril 2019), Martin Kabuya Mulamba Kabitanga (13 avril 2019 – 24 juin 2020), John Kabeya (6 mai 2022 – 13 février 2024), et Joseph Moïse Kambulu Nkonko (à partir du 29 avril 2024). . <o:p></o:p></p><p class="MsoNormal"><b>Meurtri par la guerre de Kamuina Nsapu<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal">Entre 2016 et 2017, le Kasaï Central a été le théâtre d’un conflit sanglant connu sous le nom de guerre de Kamuina Nsapu. Déclenchée après l’assassinat du chef coutumier Jean-Pierre Mpandi, alias Kamuina Nsapu, pendant le règne du gouverneur Alex Kande Mupompa, cette insurrection a embrasé la région, opposant miliciens et forces de sécurité congolaises dans une spirale de violence inédite.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Villages incendiés, déplacements massifs de populations, massacres documentés par des organisations internationales : le conflit a laissé une profonde cicatrice dans cette province autrefois paisible. Des milliers de vies ont été perdues, des écoles et des infrastructures détruites, plongeant la région dans une crise humanitaire et institutionnelle.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal">Aujourd’hui encore, les séquelles de cette guerre hantent les mémoires et appellent à une justice réparatrice, à la réconciliation, mais aussi à une gouvernance plus respectueuse des droits coutumiers et des attentes locales.<o:p></o:p></p><p class="MsoNormal"><o:p> </o:p></p><p class="MsoNormal"><b>Belhar MBUYI<o:p></o:p></b></p><p> </p><p class="MsoNormal"><o:p> </o:p></p>